C’est quoi le TDI

Le trouble dissociatif de l’identité est un puissant mécanisme de protection. Il est le résultat de traumatismes majoritairement répétitifs dans la petite enfance. Imaginez un enfant qui doit survivre à un ou des traumas (généralement des traumas complexes) et qui n’a pas la capacité d’intégrer ce qui lui arrive. Parfois, ce dernier n’a également personne à qui se confier, il pourrait ne pas avoir les mots pour expliquer ce qu’il vit ou il comprend qu’il est préférable de tout garder pour lui. Le cerveau va donc développer des stratégies de survie dont notamment compartimenter l’information afin d’être en mesure de la digérer en plusieurs « petites boîtes » qui n’auront pas toute conscience les unes des autres. Ainsi, « ses boîtes » qui sont en faites des identités vont être nécessaires afin de stocker l’information traumatique loin d’une ou plusieurs parties fonctionnelles dans le but de permettre à la personne de demeurer fonctionnelle malgré les traumatismes qu’elle vit. Chaque identité va avoir au moins un rôle par exemple certaines vont détenir des souvenirs traumatiques, d’autres vont se répartir les émotions, d’autres pourraient ne pas avoir conscience des abus et ainsi de suite. Il faut savoir que chaque personne ayant un TDI/ATDS est unique ainsi, leur cerveau n’aura pas nécessairement compartimenté les informations de la même façon. Il n’en demeure pas moins que leur expérience est toute aussi valide.

Selon la théorie de la dissociation structurelle, toute personne aurait plusieurs altérations de la personnalité et, vers l’âge approximatif de 9 ans, intégrerait ainsi que fusionnerait ses altérations pour n’en former qu’une. Toutefois, lorsque chaque altération serait nécessaire pour assurer le fonctionnement et que l’enfant n’a pas la capacité de les intégrer dû notamment à des traumatismes, celles-ci vont demeurer distinctes. Cette théorie explique la dissociation primaire, secondaire et tertiaire qu’on vous expliquera davantage dans le futur. Ce qu’il faut savoir, c’est que le trouble dissociatif de l’identité n’est pas le seul trouble où l’on peut trouver de la dissociation d’origine traumatique. Dans cette théorie, le TDI est toutefois la forme la plus élevée de dissociation, soit tertiaire. Ce que cela signifie, c’est que les altérations vont être davantage développées pouvant avoir un nom, un âge, des caractéristiques particulières et bien plus. Il va également y avoir de l’amnésie entre celles-ci afin que certaines parties puissent fonctionner au quotidien sans se sentir trop envahies notamment par les souvenirs traumatiques ou les émotions associées.²

Il est important de faire la distinction entre s’adapter selon la personne qui est en face de nous et un trouble dissociatif de l’identité. Dans ce dernier, une autre identité est en contrôle et la personne ne choisit pas la majorité du temps qui sera à l’avant ainsi que les identités pouvant avoir une influence directe sur ce qui va être réalisé ou dit. Également, chaque identité peut avoir ses propres souvenirs, ses besoins, son caractère, ses mimiques, une perception différente, sa langue d’usage, ses déclencheurs, ses goûts alimentaires et vestimentaires, ses intérêts (art, musique, etc.) ainsi que ses propres talents, son genre peut être différent de celui du corps, sa propre orientation sexuelle, ses interactions à la médication, ses moyens pour se rassurer, une prescription de lunette différente, même son propre rythme cardiaque et bien plus. Il est important de les considérer pleinement comme toutes les identités sont aussi importantes les unes que les autres. Elles ont toutes un rôle à jouer dans le fonctionnement de la personne.³

Critères diagnostiques pour le trouble dissociatif de l’identité dans le DSM-V¹

•        Perturbation de l’identité caractérisée par deux ou plusieurs états de personnalité distincts

•        Implique une discontinuité marquée du sens de soi et de l’agentivité, accompagnée d’altérations de l’affect, du comportement, de la conscience, de la mémoire, de la perception, de la cognition et/ou du fonctionnement sensorimoteur.

•        Fréquents trous de mémoire dans le rappel d’événements quotidiens, d’informations personnelles importantes et/ou d’événements traumatiques qui ne peuvent pas être des oublis ordinaires.

•        Les symptômes sont à l’origine d’une détresse cliniquement significative ou d’une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.

•        Les symptômes ne sont pas imputables aux effets physiologiques d’une substance

Sources :

¹ Crocq, M.-A., Guelfi, J. D., & American Psychiatric Association. (2015). Dsm-5 : manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (5e édition). Elsevier Masson.

² Informations tirées de ce livre. Hart, O. ., Nijenhuis, E. R. S., & Steele, K. (2006). The haunted self: Structural dissociation and the treatment of chronic traumatization. New York: W.W. Norton.

³Informations tirées de ce document. International Society for the Study of Trauma and Dissociation (ISSTD). (2011). Guidelines for treating dissociative identity disorder in adults. 3rd revision. Journal of Trauma and Dissociation, 12.